Réhabilitation d’une ancienne gare en Tiers-Lieu
Réhabilitation d’une ancienne gare en Tiers-Lieu
Mutation patrimoniale et programmatique
L’architecture du bâtiment de la gare de Sucé-sur-Erdre raconte son ancienne affectation : des édifices comme celui-ci jalonnent le territoire français. Avec la transformation des usages et l’avènement du numérique, la gare n’a plus lieu d’être physiquement au sein de la commune. Il s’agit alors de transformer ce bâtiment, petit patrimoine sucéen, en tiers-lieu municipal (salles associatives et de convivialité) et en coworking.
Ce Tiers Lieu est une programmation ouverte sur la ville, un lieu d’hospitalité et de proximités, qui s’adapte à différents modes et rythmes de vie (lieu de travail hebodmadaire ou ponctuel, assemblée générale d’association…). Le projet propose de créer un lieu où règnent convivialité et ambiance collective, de hiérarchiser les accès et les flux en trouvant l’équilibre entre visibilité du public et sérénité des espaces de travail.
Faire projet par le vide
Le bâtiment de la gare a été modifié par petites touches à chaque changement d’usage, perdant petit à petit de sa lisibilité constructive originelle. Une première phase de démolition et curage a permis de retrouver les volumes bruts du bâti et de révéler les potentiels de transformation. Un vide a été créé par la même occasion au centre du bâtiment pour permettre d’insérer les distributions verticales dans le bâtiment (escalier, ascenseur, sanitaires) et optimiser ainsi les circulations au sein du bâtiment. Ce mouvement permet, d’une part, de préserver les façades du bâtiment et les arbres qui les jouxtent d’une extension initialement requise par la maîtrise d’ouvrage, d’autre part de libérer de grandes salles (convivialité, réunion, plateau de coworking) et des espaces plus intimes (cuisine, petits bureaux) de part et d’autre d’un mur refend existant.
S’adapter à l’existant pour le conserver
Profitant de la proximité des voies de chemin de fer, le bâtiment historique a été construit à la fois à l’aide matériaux locaux comme les moellons ou plus lointain comme le tuffeau et les poutrelles métalliques. Dans les étages, les planchers sont construits avec une technique bien particulière de type « Roussel » composés de poutres métalliques en I reliées entre elles par des fentons à crochets métalliques et fermés par des augets en plâtre. Afin de conserver ces planchers typiques de l’époque, des poutres métalliques ont été ajoutées au droit de la trémie centrale. Au centre du bâtiment, les interventions réalisées par l’entreprise de gros œuvre sur les planchers sont laissées brutes afin d’affirmer la juxtaposition des techniques de chaque époque de construction.
Mettre en valeur les savoir-faire
Valoriser les savoir-faire des entreprises nous tient particulièrement à cœur sur l’ensemble de nos projets, cela passe notamment par le fait de magnifier dont voici quelques exemples à travers celui-ci :
– en sous-face des planchers modifiés et le long des trémies de l’escalier, la mise en œuvre précise et soignée du béton est laissée apparente ;
– l’escalier en métal au centre du bâtiment a été dessiné sur mesure avec le serrurier en réinterprétant la finesse et la légèreté de l’escalier extérieur existant
– les menuiseries extérieures en chêne ont été produites et posées par la même entreprise, assurant la justesse des détails de pose en feuillure des murs existant
– réalisés de manière artisanales, les travaux de menuiserie et d’ameublement intérieurs ont été exécutés en hêtre, massif pour les portes et cloisons vitrées, contreplaqué pour l’habillage du noyau central en bois pour les placards et la cuisine
– le détail en creux des grands ensembles vitrés permet de masquer l’assemblage des différents châssis et les parcloses tout en soulignant la verticalité de ces ensembles.
Viser l’exemplarité environnementale
La majorité des matériaux employés sont d’origine biosourcée, les murs périphériques sont doublés avec un isolant fait du mélange de fibres de chanvre, lin et coton ; les plaques de fermacell qui les recouvrent apportent au passage une bonne inertie intérieure. L’ensemble des menuiseries sont en bois, l’isolation acoustique des salles se fait grâce à des panneaux en fibre de bois. L’ensemble du bâtiment possède des planchers chauffants alimentés par une pompe à chaleur air/eau, adaptée à un usage du quotidien. Le renouvellement de l’air est assuré par une ventilation simple flux avec des entrées d’air réchauffées ponctuellement. Profitant d’une toiture ensoleillée plein sud, le bâtiment est équipé de panneaux solaires peu visibles en toiture grâce à leur encadrement masqué.
Lieu : Sucé-sur-Erdre (44)
Maîtrise d’ouvrage : Mairie de Sucé-sur-Erdre
Equipe : atelier socle x laus (architectes mandataire) x BETEM (be TCE)
Mission : mission complète
Calendrier : septembre 2021 – livraison 2024
Montant de travaux : 780 000 € HT
Surface : 225 m2
Photographies : ©Simon Guesdon